Expérience de Cloé

29/12/2022

Certaines fois, nous regardons un film sans avoir franchement l'intention de le comprendre. D'autres fois, c'est le film ne souhaite pas franchir le pas de la porte du rationnel.

Ana Edwards et moi étions tout d'abord parties sur une idée de cadavre exquis pour esquisser notre scénario et monter le squelette de notre court métrage. L'absurde, le dynamisme, le mouvement et l'incohérence inondaient nos pensées. Nous voulions quelque chose d'incompréhensible. Finalement, on a gardé le concept d'ensemble, jetant au passage le cadavre exquis à la poubelle, et avons dessiné notre scénario en nous basant notamment sur des vidéos.

Ci-dessous, vous pouvez entrapercevoir quelques-unes de nos sources d'inspiration.

- Extrait de Viva las Vegas (1964) avec Ann Margret et Elvis Presley.                                            C'est une scène de danse sur laquelle j'ai repris des bouts de la chorégraphie pour notre court métrage ainsi que quelques idées de cadrage.

- Vidéo Instagram postée par @elvisoblues, extrait du film Jailhouse Rock (1957).                     C'est une courte vidéo de danse avec de multiples cadrages ainsi que des scènes de la vie quotidienne. On a été inspirées par son dynamisme et les cadrages.

- Vidéo de 8 secondes d'une peluche qui tourne.                                                                                    On a repris le même système ainsi que l'idée de rotation pour notre court métrage.

- On a été inspirées par cette image pour le début de notre court métrage, lorsque le zoom des plans de la fille qui regarde le lapin augmente.

Les sources ainsi que notre propre jardin créatif nous ont permis de définir et d'écrire notre scénario. On a décidé de faire une vidéo de danse sans son, misant sur le mouvement, le dynamisme, l'idée d'une rotation assez présente et de métamorphose. Notre court métrage est composé en plusieurs parties :

  • une partie de ping pong entre le lapin et la fille dans laquelle on observe une transmission du mouvement et un changement de portes du monde réel à celle du rêve. Cette partie est composée de plusieurs plans et nous avons essayé de créer un sentiment de vitesse en jouant avec les secondes, l'alternation des plans et le jeu d'acteur... ou de peluche.

  • une section danse dans laquelle le cadre change beaucoup moins. Le dynamisme est apporté par la danseuse qui reprend les mouvements typiques d'Ann Margret.

  • une section du retour de la peluche. On réamorce une transition, cette fois inverse à celle du début, entre la fille et la peluche.

Nous nous sommes beaucoup appuyées sur le storyboard pour esquisser l'histoire. C'était très utile pour communiquer notre vision des différents plans, cadrages, acteurs, etc. Ça a été l'une des étapes les plus longues du processus de création du court métrage car il nous a été très difficile de comprendre et de faire comprendre nos idées. J'ai réalisé à quel point notre perception du monde peut être à des années-lumières de celle des autres, même lorsque l'autre essaie de nous faire comprendre la sienne. Une autre difficulté soulevée lors de l'utilisation du storyboard a été celle du temps. Ici encore notre perception diffère totalement. Ana et moi avons passé plusieurs heures à négocier le nombre de secondes à passer pour chaque plan. Je prends exemple sur la première partie de notre court métrage où nous souhaitions créer un sentiment d'accélération. On a misé sur l'alternance de plus en plus rapide des plans et de la durée décroissante consacrée à chacun d'entre eux. Par exemple, pour un plan rapide, Ana misait minimum sur du 8 secondes pour le plan alors que je penchais sur du 3 secondes maximum. On a finalement opté pour la moyenne entre nos deux envies. C'était très amusant de négocier et on apprend aussi à gérer notre frustration, car on apprend à sacrifier une partie de son envie pour que les deux personnes soient satisfaites.

Vous trouverez ci-dessous des photos de nos storyboards :


En ce qui concerne la logistique, Ana avait réservé une machine pour pouvoir faire tourner la peluche. Personnellement, j'ai choisi ma peluche Vodkita ainsi que des habits ressemblant un peu à ceux d'Ann Margret pour la danse. Pour le jour J, nous avions réservé la grande salle de tournage ainsi qu'un spot de lumière.

Le jour J, on a installé le matériel et nous sommes réparties le temps comme ceci :

  • 1h : révision du scénario

  • 1h : installation du matériel

  • 2h : tournage

Ludivine et Théo nous ont beaucoup aidées lors du tournage, Ludivine nous guidant avec les caméras et lumières, et Théo s'occupant du chrono, de la machine à peluche ainsi que du cadrage. Ana s'est occupée une grande partie des caméras car j'ai dansé pour la seconde partie. Même si nous avions préétabli un scénario à l'avance avec notre storyboard, nous avons pris la liberté de changer quelques détails au cours du tournage. Par exemple, la scène finale a été remodifée sur le moment et Ana a tourné la caméra à 360 degrés pour donner un aperçu de la salle de tournage. Je leur en suis extrêmement reconnaissante et l'ambiance était sympa.

Question philosophie, on peut interpréter le court-métrage comme on le sent. Personnellement, l'interface entre le monde réel et le rêve est très présent, ainsi que les notions de métamorphose et d'enfance. Quelle est l'empreinte du rêve sur notre réalité ? Celle de la réalité sur nos rêves ? La métamorphose permet un lien entre ces deux contraires pourtant complémentaires, elle est symbole de mouvement. Quelle est la marque de notre enfance sur notre vie actuelle ? Quelle est la part de l'enfant blessé qui surgit en ce moment même ? Le rêve, est-ce une échappatoire ou une ressource ?

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